Elle était pour moi une grande soeur
J’aime dire que Marthe était pour moi une « grande soeur ». Tout ce qui faisait précisément ma vie quotidienne l’intéressait.
Son accueil était toujours simple, joyeux, attentionnée.
Quant à l’affection qu’elle a toujours eue pour les siens, Marthe l’avait aussi pour nous. A la fin des visites que je lui faisais, je l’ai entendue dire plus d’une fois : « On se fait un mimi ? On s’embrasse ? ! »
Se souvenant de mes parents qu’elle avait rencontrés quelques années auparavant, elle me dit un jour :
« Vous direz toute mon affection à vos parents. Je les aime bien… » « Vous leur direz dans l’oreille ! » ajoutait-elle à voix basse.
Après la mort de papa que j’allais lui annoncer, je l’entends encore me dire :
« Ô ce cher papa, je l’aimais tant !… Il emporte avec lui une partie de notre coeur : c’est bien normal, n’est-ce pas ?… »
Peu de temps après, alors que j’accompagnais maman et que celle-ci disait à Marthe que nous avions « perdu » papa bien tôt, Marthe a réagi en disant :
« Mais non, on ne l’a pas perdu ! Il est là, pleinement, dans la gloire ! Il pourra faire encore beaucoup plus là où il est… Demandez-lui de vous aider. Si vous l’entendiez vous dire : « Si tu savais comme je suis heureux »… La Sainte Vierge l’a accueilli. Il va nous aider maintenant à aimer et à faire aimer l’Amour ! Confiance ! Tout ce que votre mari demandait pour vous sur cette terre, il vous l’obtiendra du haut du Ciel. Priez-le ! Priez-le beaucoup ! Vivez l’aujourd’hui de Dieu dans la confiance. Il vous aidera… On sent une coupure tout de suite après [la mort de nos proches, NDLR], et puis après, ils sont présents… »
Marthe témoignait une même affection et une même attention à mes frères et soeur à qui elle s’intéressait.
Lorsque je lui annonçais avec joie la naissance d’un troisième enfant chez ma soeur – le troisième garçon en trois ans ! -, la première parole de Marthe a été :
« Est-ce qu’elle est aidée au moins ?! »
Ce même élan du coeur, je l’ai retrouvé bien souvent lorsque je lui parlais d’une enfant ou d’une autre que j’avais dans ma classe et qui vivait une situation familiale bien douloureuse :
« Il y en a qui porte beaucoup plus qu’elles ne peuvent porter… Comment voulez-vous qu’elles travaillent ensuite ? On va bien prier… »
Et je peux attester que la prière de Marthe a accompagné, et accompagne toujours, chacune de ces enfants accueillis à l’Ecole. Lorsque nous allions dans la petite chambre de Marthe avec toute notre classe, elle était toujours soucieuse que nous soyons bien installées : « Est-ce que vous avez toutes un pouf ?… Est-ce que vous êtes toutes bien assises ?… »
C’est alors qu’un temps d’échanges s’instaurait tout naturellement. Marthe aimait aussi nous entendre chanter. Puis nous terminions par une prière tous ensemble et « un beau signe de croix ».
Un membre de Foyer, professeur à l’Ecole des Filles de Châteauneuf