Il y a 37 ans, un anniversaire…
Article publié le Entretien, Témoins de la foi
A l’occasion de l’anniversaire de l’entrée au Ciel de la Vénérable Marthe Robin, née en 1902 et décédée le 6 février 1981, le père Moïse Ndione, Modérateur de l’œuvre des Foyers de Charité, évoque cette grande mystique française, fondatrice des Foyers, tout en n’ayant jamais quitté la ferme de Châteauneuf-de-Galaure, dans la Drôme (France). Sur le chemin du synode, elle a quelque chose à dire aux jeunes. Sa cause de béatification avance à Rome.
Qu’a donc fait Marthe Robin de si extraordinaire qu’elle soit aujourd’hui encore citée comme l’une des figures spirituelles les plus importantes de son siècle?
P. Moïse Ndione – En fait, la question se pose autrement : ce n’est pas ce que Marthe Robin a « fait » qui la rend si exceptionnelle, mais ce que Marthe a été.
Rien ne prédisposait cette jeune femme de la campagne drômoise à devenir un des personnages centraux du renouveau spirituel de l’Eglise en France. Née en 1902 et traversant le XXe siècle, Marthe Robin a rayonné d’un amour qui transfigurait son existence. En 79 années d’une vie marquée par la maladie et une paralysie progressive de tout son corps, elle témoigne que l’amour est plus fort que la souffrance. L’union intense au Christ dans sa Passion l’a rendue participante à son œuvre de Salut pour les hommes. Plus de 100.000 visiteurs se sont pressés à son chevet, touchés par son cœur aimant, attentif, qui donnait Dieu et qui conduisait à lui, tout simplement.
L’héritage de Marthe Robin est considérable. Il est visible aujourd’hui à travers de nombreuses communautés ou mouvements dans l’Église, mais plus particulièrement encore à travers les Foyers de Charité, communautés fondées en 1936 avec le père Georges Finet. Des milliers de pèlerins viennent aussi se recueillir dans la petite ferme de Châteauneuf-de-Galaure où elle a vécu.
Clouée au lit par la maladie, son rayonnement est impressionnant…
Atteinte pendant soixante-trois ans par une maladie douloureuse et lourdement handicapante, Marthe Robin n’a jamais pu quitter la chambre de sa maison natale de Châteauneuf-de Galaure, dans la Drôme, et pourtant des milliers de gens aux quatre coins du monde s’inspirent de son exemple et trouvent dans la voie spirituelle qu’elle a ouverte une nourriture pour leur vie. Un paradoxe qu’on peut rapprocher de celui vécu par Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face (la “Petite Thérèse” de Lisieux) qui, n’étant jamais sortie de son couvent, est devenue la patronne des missionnaires.
Marthe a beaucoup souffert, et longtemps : l’encéphalite qui l’a frappée progressait régulièrement, à une époque où les antalgiques étaient bien moins développés qu’aujourd’hui. Elle a su transformer cette douleur en empathie pour les autres, et des milliers de personnes sont venues trouver auprès d’elle une consolation. Beaucoup d’entre eux ont même vécu une authentique expérience de conversion.
De l’extérieur, la vie de Marthe semble inutile et, pire encore, absurde : mais l’œuvre qu’elle a fondée, dont les Foyers de Charité ne sont que la partie la plus visible, laisse derrière elle un sillage de lumière qui éclaire et rayonne aujourd’hui encore. La puissance de Dieu s’est déployée dans sa faiblesse et sa fragilité.
D’où lui venait ce grand désir d’évangélisation ?
« Je t’ai choisie pour ranimer dans le monde l’amour qui s’éteint »… Cette parole du Christ dite au cœur de Marthe Robin résume sa mission, celle de révéler l’Amour inconditionnel de Dieu pour chacun.
Missionnaire immobile, elle participe activement par sa prière et son rayonnement à la nouvelle évangélisation d’un monde qui a tant besoin d’être embrasé par une « nouvelle Pentecôte d’amour ». Les intuitions qu’elle a eues bien avant le Concile Vatican II ont depuis germé et développé des charismes, à tel point qu’on considère Marthe comme un des « apôtres de la nouvelle évangélisation ». Elle brûle d’annoncer à tous la Bonne Nouvelle : « Je voudrais être partout à la fois pour dire et redire au monde combien le Bon Dieu est bon, combien il aime les hommes, et se montre pour tous tendre et compatissant. »
Marthe est un apôtre ardent qui révèle à ceux qui l’approchent le visage tendre et compatissant de Dieu comme Père, un Dieu aimant proche de chaque homme. L’espérance qui l’anime est contagieuse, alors même que son avenir était si fragile.
Quel est le cœur de son message ?
Le message de Marthe Robin est original à bien des égards, tout en étant profondément enraciné dans la tradition de l’Eglise.
Tout d’abord, il y a la proximité que Dieu désire avec tout homme, quel que soit son parcours et ses péchés. Jésus, Fils aimant, est Frère de tous. En incarnant l’amour du Christ pour ceux qui venaient la voir, Marthe a permis à des milliers d’âmes de se laisser toucher par cet amour. La proximité avec le Fils conduit à la proximité avec le Père, à travers l’Esprit Saint.
Ensuite, la force de cet amour s’est donné à voir dans un corps martyrisé par la souffrance. La vie de Marthe rappelle que le chemin de Pâques passe par la Croix, mais que “toutes nos croix, Jésus veut les fleurir.”
Enfin, Marthe est l’étincelle d’une « Nouvelle Pentecôte d’amour » sur le monde, à travers l’apostolat des laïcs qu’elle a inlassablement contribué à former aux plans intellectuel et spirituel, à travers notamment les Foyers de Charité ; mais son rayonnement va au-delà, dans de nombreuses communautés nouvelles ou initiatives de laïcs qui se réclament d’elle.
Que dirait-elle à un jeune qui cherche sa vocation ?
Peut-être l’inviterait-elle d’abord à approfondir sa relation avec Dieu dans la prière… Parfois, lorsque ses « visiteurs » venaient chercher auprès d’elle des lumières pour telle ou telle décision à prendre, elle n’hésitait pas à les renvoyer à la présence du Saint-Esprit en eux, qui est là pour les conseiller, pour les éclairer : « Je n’ai pas pour mission de me substituer au Saint-Esprit, a-t-elle dit un jour à l’un d’eux, par contre vous devez vous habituer à rechercher avec le Saint-Esprit les solutions conformes aux volontés de Dieu. »
Marthe Robin a beaucoup prié pour les vocations : celles des prêtres, des religieux, des nouvelles formes de vies communautaires, mais aussi pour l’apostolat des laïcs au cœur du monde, pour les couples et les familles…
Elle ne cessait de parler de la grandeur du baptême qui est dans la vie de chaque chrétien le commencement de ce qu’elle appelle la « vie intime avec Dieu ». A un prêtre venu la rencontrer, Marthe laissait entendre combien tout changerait si on acceptait de vivre consciemment avec la Sainte Trinité, d’entretenir une relation simple, vivante, affectueuse avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit. « Il est avec vous, il est en vous » disait-elle souvent.
A ce jeune, Marthe rappellerait aussi la beauté du silence dans lequel on peut entendre la voix de Dieu et discerner ses appels. Elle conseillerait certainement d’aller faire l’expérience d’une retraite spirituelle… et pourquoi pas dans un des 78 Foyers de Charité présents dans le monde !
Où en est la cause de béatification de Marthe?
Marthe Robin a été proclamée « vénérable » en novembre 2014 par le Pape François… La reconnaissance de « l’héroïcité des vertus » de Marthe par le pape François est une étape décisive dans sa cause de béatification. Un dossier présentant une guérison inexplicable obtenue par son intercession a été déposé et est en cours d’étude à Rome. Nous attendons dans la confiance le jugement de l’Eglise, au temps voulu par Dieu.
A Châteauneuf-de-Galaure, près de 40.000 personnes viennent chaque année prier et se recueillir dans la chambre où elle a vécu. Mais la réputation de sainteté de Marthe est répandue dans le monde entier, bien au-delà des Foyers de Charité. De nombreux témoignages de grâces et de faveurs obtenues par son intercession continuent de nous parvenir. Que nos lecteurs n’hésitent pas à la prier avec foi !
Source de la publication : ZENIT – Le monde vu de Rome
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